Depuis le premier entraînement le 17 mars 2017, que de chemin(s) parcouru(s) par le Phénix ! Passant du petit terrain de handball du stade des Chantiers au synthétique de Porchefontaine, avant d’émigrer au stabilisé de Sans-Souci pour arriver enfin au terrain de Jussieu, les footballeurs venus de tous les horizons auront connu toutes les enceintes sportives de Versailles. Entre 500 et 600 joueurs sont restés fidèles autant que leur permettaient les aléas de leur vie d’exilés. Grâce à eux, à leur volonté de se retrouver tous ensemble chaque week-end, le Phénix vient de fêter le même jour ses 7 ans et son 300e entraînement. Pour relater cet événement, le journal Toutes les Nouvelles est venu faire un reportage et le journaliste Emmanuel Fèvre a publié un bel article le 20 mars 2024, en donnant la parole à certains des plus anciens joueurs.. Le voici, in extenso,.
300e entrainement pour l’équipe de foot des Phénix
C’est un moment de football hebdomadaire, chaque dimanche, sur le stade de Jussieu, pour une trentaine de joueurs issus de la migration. Un temps fraternel, autour du sport, orchestré par Pascal Mouneyres et l’association Voisins Solidaires Versailles.
Depuis mars 2017
De 14h30 à 18h échauffements, exercices et matchs s’enchainent. Dimanche 17 mars était un moment particulier. Malgré le temps maussade, le Ramadan, ils étaient nombreux à avoir tenu à marquer cette date.
« C’est notre 300ᵉ entrainement. Nous nous retrouvons chaque dimanche depuis le 18 mars 2017. C’est une aventure incroyable, un plaisir énorme d’être ensemble chaque semaine, de voir réunies toutes ces nationalités dans une même équipe. Cela raconte la diversité de la France », confie Pascal Mouneyres. Un projet porté par ce Versaillais et les membres du groupe Voisins Solidaires Versailles.
« C’est une idée qui nous est venue avec Raphaël Besson face à l’extrême solitude, aux conditions d’hébergement difficiles, qu’avaient les migrants sur le site des Mortemets. Nous les côtoyions alors trois fois par semaine en proposant un repas chaud à l’extérieur. Ces personnes, souvent jeunes, venaient du centre d’hébergement de l’INRIA, au Chesnay Rocquencourt où nous les avions accompagnés, entre novembre 2016 et février 2017, avant leur transfert aux Mortemets », raconte Pascal Mouneyres.
Entraide
À l’époque, alors que l’extrême droite versaillaise manifestait contre ce centre d’hébergement du Chesnay-Rocquencourt, qui accueillait une centaine de personnes, des Versaillais décidaient de les aider en créant le groupe Voisins Solidaires Versailles. Dans une tradition d’entraide qui existe aussi dans la ville, des repas chauds, une assistance aux démarches administrative, puis ce moment de sport, étaient proposés.
Voisins Solidaires Versailles poursuit ses activités, avec quatre pôles, culture, cours de français, hébergement d’urgence et football. « Les visites de musées, la découverte de la culture française, comme ce moment de sport, permettent un moment de respiration à ces jeunes. Près de 500 ont participé au club des Phénix et certains sont là depuis le début. Tous les joueurs ont des papiers, travaillent ou sont en formation et tiennent à venir sur leur temps libre, chaque dimanche, parfois de loin, Paris et le nord des Yvelines », se réjouit Pascal Mouneyres.
Ils sont soudanais, guinéens, afghans, tibétain, ils arrivent parfois sans même un maillot, peu importe, une fraternité soude le groupe et le football est un langage universel. « Certains sont techniquement très forts. Je me souviens de joueurs tibétains qui étaient très bons », note le capitaine.
« Je viens de Guinée-Conakry. J’aime beaucoup le foot, je suis présent chaque semaine à l’entrainement, depuis 2019. J’habite Maurepas, je tiens à venir malgré 1h de transport. Les Phénix, c’est un moment de partage, d’amitié avec des joueurs venus de beaucoup de pays différents. Je travaille dans le commerce, c’est mon moment de détente », confie Souleymane, 32 ans, qui a gagné le concours de tirs au but.
A ses côtés, Ali, 27 ans : « Je viens du Soudan, je travaille au service des espaces verts à Versailles. C’est important d’être ensemble. Je travaille beaucoup, avec parfois des extras le week-end, mais j’essaie d’être présent. Je fais partie des Phénix depuis 2019. »
« Je viens d’Afghanistan, j’ai 24 ans, je travaille dans une entreprise de bâtiment, explique à son tour Eamamudin, 24 ans. L’entrainement avec les Phénix permet de se sentir moins seul. Je viens tous les dimanches depuis quatre ans. Je n’aurais jamais imaginé jouer dans une équipe avec autant de nationalités, dans une bonne ambiance. Nous sommes devenus des amis. »